La mode espagnole s'est peut-être standardisée, européanisée. Pas
elle. Pur produit de la «Movida», cette période d'exubérance culturelle du début des années 80, cette quadra un peu fantasque en a gardé l'allure et le style. Dans son petit atelier du centre madrilène, Agatha Ruiz de la Prada continue de dessiner ses lubies et ses douces rêveries sur des tee-shirts, des salopettes pour enfants ou des collections de chaussettes. Rien n'est trop fou dans l'univers de cette designer espagnole qui, avec la jeune Amaya Arzuaga et Purificacion Garcia, donne à ses collections la touche la plus originale. Créatrice-née, Agatha et son «air de pas y toucher» ne recule devant aucun maquillage loufoque ou déguisement extravagant pour présenter ses collections, tour à tour pot de fleur, clown triste ou geisha pour épater la galerie. Née en 1960 à Madrid, Agatha Ruiz de la Prada a beau diriger une mini-entreprise d'une dizaine de personnes, la jolie femme croule sous les commandes. Sous des dehors d'artisan modeste, elle travaille en même temps pour vingt-cinq grosses entreprises, dont six italiennes. En plus des innombrables défilés qu'elle organise, sa griffe est omniprésente sur une large gamme d'objets de la vie courante: matériel de bureau, abribus (Decaux), montres (Swatch), carrelage, habits pour enfants, radiateurs, prises de courant, bouteilles de vodka (Absolut), ou encore automobiles (Citroën). Pourvu qu'à l'arrivée, les objets transformés acquièrent un caractère festif. Farouch