Au théâtre de Didier-Georges Gabily, on se précipite à reculons. Trop heureux de retrouver ce verbe de grand souffle disparu des scènes depuis la mort du poète, en août 1996. Et pourtant inquiet de ce qui pourrait en advenir en d'autres mains. Rares en effet ont été les metteurs en scène qui s'y sont risqués, tant l'aventure singulière du Groupe T'Chan'G impressionnait. Sans doute fallait-il un aguerri comme Aurélien Recoing pour aller mettre le nez dans cette chasse trop gardée. Acteur chez les plus réputés (Vitez, Sobel, Mesguich, Vincent) et metteur en scène à son tour remarqué, Recoing nous adresse avec TDM3, la dernière pièce de Gabily, une excellente nouvelle du théâtre contemporain.
Toit emporté. Il faut se précipiter à Gare au théâtre, dans cet ancien hangar de fret investi par Mustapha Aouar, tout contre la station RER de Vitry-sur-Seine (parfois le bruit des trains couvre la voix des acteurs) où Recoing et son équipe ont échoué après la tempête qui a emporté le toit du théâtre d'Alfortville. Ces difficultés, qui ont coûté une semaine de retard aux représentations, auront en tout cas révélé cet espace que l'on dirait bâti pour TDM3 (1). A la commande, passée en 1992 par le metteur en scène Christian Colin de «faire quelque chose avec "le Mépris», Gabily avait répondu par cette curieuse formule mathématique: TDM3, Théâtre du mépris 3. A la suite d'Alberto Moravia et de Jean-Luc Godard surtout, Gabily, qui fréquentait les tragiques grecs par passion et