Les Parisiens ont déjà succombé à la fougue de son Sesto (la
Clémence de Titus), et à la lumière auburn de sa Dorabella (Cosi Fan Tutte), sur la scène de Garnier. Mais après la spectaculaire saison qu'elle débute par un récital ce soir dans la capitale, il sera difficile d'ignorer encore cette rivale de Susan Graham et Anne Sofie Von Otter. Feu sir George Solti, conquis par son Octavian impétueux et fier, voulait réenregistrer le Chevalier à la rose avec elle. En attendant qu'un autre chef lui permette de graver son rôle fétiche, Angelika Kirchschlager publie When Night Falls, un CD lumineux et tendre de berceuses allant de Brahms à Sondheim en passant par Zemlinsky et Mozart. Soutenue par John Williams à la guitare, Yuri Bahmet à l'alto, et les pianistes Helmut Deutsch et Roger Vignoles, la voix à la fois plastiquement irréprochable et chaleureuse de Kirchschlager fait de When Night Falls le CD rêvé pour glisser de la douceur hivernale à la fraîcheur du printemps.
Née fin 1965 à Salzbourg, la mezzo se destine d'abord au piano. Parallèlement, elle fréquente, comme sa mère, les chorales et ne se décide qu'à 18 ans à devenir chanteuse, mais «pas par fascination pour telle ou telle diva», précise-t-elle. Inscrite à l'Académie de Vienne, elle suit la formation classique de huit ans et fait des débuts spectaculaires en 1993, dans le rôle d'Octavian à l'opéra de Graz. Cette élève de Walter Berry ne tarde pas à entrer dans la troupe permanente de l'Opéra de Vienne où elle se risque