Cela fait près de vingt ans que Dante hante les jours et les nuits
de Jean-Paul Marcheschi. Depuis 1982 exactement, date à laquelle apparaissent pour la première fois, sur les pages de ses livres rouges, des peintures liées à la Divine Comédie. Mais si l'artiste (né en 1951) s'est souvent référé, de façon ponctuelle, à ce texte, il ne l'avait encore jamais abordé de plein fouet. C'est chose faite avec ce très important ensemble, titré Riveder le Stelle (extrait du dernier vers de l'Enfer), qu'il considère comme l'oeuvre maîtresse de sa carrière à ce jour.
Dans le long couloir d'entrée, l'exposition débute par des peintures sur papier de 1984-1985, dont le Cercle rouge, né du commencement du chant V de l'Enfer, qui figure deux cercles, l'un rouge et l'autre de suie. Une pièce clef puisque, outre la référence littéraire, elle correspond au moment où Marcheschi, de retour d'un voyage au Stromboli, troque son pinceau pour un flambeau et la couleur pour la suie, le noir de fumée et donc le feu. Le feu qu'il va dès lors utiliser systématiquement, non pas comme une phénoménologie du matériau, mais comme un instrument avec toute sa richesse chromatique et vibratile, comme un langage.
Pertinente introduction chronologique, le couloir ouvre sur les trois salles en enfilade du musée, le corps de l'exposition. Marcheschi, qui a spécialement travaillé en fonction du lieu, en tire un très beau parti pour reprendre la partition en trois chants de la Divine Comédie: l'Enfer, le Purgatoire et l