Où avais-je la tête? L'ai perdue, comme les pieds, chez Bataille,
dans l'extase. Le cinéma, on en est même chaque jour de plus en plus convaincu, ne construit pas de l'identité, ni de repère, mais est intégralement, ontologiquement et chimiquement, voué à la dissociation, au fracas neuronal, aux flashes mémoriels et au fond sans fond de l'image, quelque chose du trip aller-retour de la NDA (Near Death Experience) transformée en spectacle et appliquée au masse. Un art d'égarement après la convulsion et qui fait des trous dans le cerveau. Le meilleur ouvrage cinéphile du moment, d'ailleurs, pour ceux que ça intéresse encore, est la réédition (1) de la traduction par Pierre Klossowski, datée 1948, d'extraits du traité Sur l'âme (De anima) de l'exubérant Tertullien (155-225 après J.C.) réunis sous le titre Du sommeil, des songes, de la mort. Il y décrit l'homme endormi saisi entre deux états du corps qui rappelle étrangement celle du spectateur «gisant» écrasé dans la salle de cinéma, «tel qu'il fut ["] avant la vie, tel qu'il le sera après elle, comme un témoignage de sa formation et de sa sépulture, en attente de l'âme»" Où veut-on en venir? A Sleepy Hollow, le nouveau film du Tertullien d'Hollywood, Tim Burton, praticien échevelé des songes et nautonier funèbre glissant depuis quinze ans avec une maestria sans faille sur les eaux épaisses et noires de l'inconscient collectif.
Adapté d'une nouvelle de Washington Irving, The Legend of Sleepy Hollow, elle-même probablement inspir