A voir ou revoir aujourd'hui, Carrie, réputé horrifiquissime, offre,
outre une préfiguration 1976 du campus film aujourd'hui prospère jusqu'à l'inflation et l'ordure (American Pie), une morale fantastique plaisante non exempte de tact.
On ne fait pas plus délicat que cette fable féministe de puberté affreusement contrariée et libérée à proportion inverse. Pas plus léger, malgré les accessoires de grand guignol mobilisés ou à cause d'eux (seau, délire mystique et télékinésie faculté de déplacer les objets «sans y toucher»). On ne fait pas plus réservé que la figure nubile de Carrie, éperdue de timidité derrière l'écran de ses taches de son et de son tchador de cheveux roux fades, si mal dans sa peau laiteuse, ses émois à peine charnels de «chienne» à «mamelles» «Mes seins, maman».
En symbiose énervée avec la vedette lymphatique Sissy Spacek, la construction en boucle simplette de ce film de genre, qu'on pourrait cataloguer «de douche» (comme on dit «de cape et d'épée»). Carrie, qui a pour thème sensible la menstruation, se résume en effet à quatre écoulements, plus ou moins dramatiques.
Tout commence dès le générique, sous la douche; nudité délavée, entre rosée et roseur, comme voilée de pudeur virginale. Hygiénique d'abord, lustrale dans la pénombre vaporeuse, l'eau mousseuse se teinte de sang pertes terrifiant l'adolescente niaise qui en fait l'expérience. Le thème ainsi exposé sera repris tout à l'heure avec le bain purificateur au retour du bal, avant l'autodafé liquida