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Libération
Critique

Le chassé-croisé d'ambulanciers, filmé avec trop d'urgence. «Dérapages» incontrôlé. Dérapages de Scott Ziehl, avec Todd Field et Jason London"" 1h30

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publié le 9 février 2000 à 22h22

Par un curieux carambolage de programmation, nous découvrons

Dérapages, second long-métrage de Scott Ziehl (le premier n'a pas franchi l'Atlantique), quelques semaines seulement avant la sortie d'A tombeau ouvert, le nouveau Scorsese. Tous deux ont en commun de décrire le quotidien d'ambulanciers qui perdent pied à mesure qu'ils se confrontent à la misère du monde dans ses formes les plus virulentes. Au-delà de tout ce qui les oppose, les deux films se rejoignent en un point: ils semblent entièrement conçus contre l'économie qui a présidé à leur élaboration.

Avec ses stars (Cage, Arquette, Goodman"), sa photo ultrasophistiquée et ses effets spéciaux numériques, le Scorsese est un film de riche qui dilapide ses signes d'opulence au profit d'une expérimentation à hauts risques (de fait, le film a été débarqué des écrans américains en un rien de temps). Dérapages, petit film réalisé ric-rac en dix-huit jours, se donne en revanche un mal de chien pour cacher sa misère. Probablement un peu trop. A force de vouloir emporter les scènes à l'estomac, avec un filmage très énervé et des comédiens au summum de l'over-acting, le film finit par noyer son moteur. A tel point qu'on n'entrevoit que par bribes où il veut en venir.

Scott Ziehl a probablement voulu raconter la chute de personnages sous l'emprise de leur gestuelle, peu à peu dépossédés du contrôle de leur comportement. Comme si le rythme infernal des interventions d'urgence avait entraîné un emballement général de tout leur être. E