Il y a non pas un mais deux personnages surprises à l'affiche de
Sleepy Hollow: le premier est le chevalier acéphale, le second est d'avantage organique et favori à l'illumination collective. C'est un arbre, chêne souverain, surgi du film dans un état nervalien de rêverie supernaturaliste: tronc cramé, vagin dangereux et magique dont justement notre aiguisé Cavalier péruzien s'arrache comme accouché par l'autre monde! Cet arbre n'est rien moins que notre acteur de l'année: silencieux, minimal, il souffre mais ne plie pas.
En cette fin de siècle filmée, il fut partout, notre arbre; rhizomique et magistral, écologique ou métaphysique, quoiqu'il en soit omniprésent, bloc de forces incontrôlables du fortement conseillé Charisma de Kiyoshi Kurosawa, onirique bois dormant pour la belle Princesse Mononoké, Arbre aux cerises de Marc Recha, bois idéologiquement douteux dans Mifune dogme 3" Notre végétal cacha nombre de forêts: celle des ados pustuleux du Projet Blair Witch, la mare sociale de notre sorcière Rosetta, ces bosquets infestés de Petits Chaperons rouges fuyant de grands méchants loups (Jin-Roh, Sombre"). Et la poussée florale contamine, tel un lierre rampant, l'ensemble du paysage arty: difficile de ne pas voir des arbres partout, de l'écrasant olivier sur socle terreux de Maurizio Cattelan présentant ses voeux à Beaubourg jusqu'au new age Jardin planétaire de Gilles Clément à La Villette" Et la Bûche? Fondue la Bûche. Et ces arbres qu'un 26 décembre de tempête aura pliés? E