Lundi dernier, la maison de disques Polydor-Universal cassait sa
grosse tirelire promo pour lancer avec faste le nouveau disque de The Cure: Bloodflowers. Le groupe donnait pour une centaine d'invités plus trop jeunes un concert privé de deux heures, dans la salle d'expo au sommet de la tour de La Défense, prélude à une tournée qui passera par Paris en avril. Là, dans ce gigantesque caisson de ciment et de verre, Robert Smith a tenté de convaincre l'assistance de la nécessité de cette nouvelle et énième autodestruction de Cure sur l'air d'un «nevermore» new wave, perpétué depuis vingt ans, mais paraît-il plus pour longtemps.
Show du désastre. On ignore le nom du guitariste (sans doute un certain Jason Cooper) qui s'est ingénié à massacrer tous les morceaux et on ne veut pas le connaître mais du moins, progressivement, ce show du désastre annoncé, lourd comme le chanteur éclaté pour cause d'abstinence alcoolique (dit-il), finira quand même par décoller sur le tard, remontant aux sources, s'obscurcissant d'autant, jusqu'à la traversée du Styx réitérée comme par miracle sur One Hundred Years ou Strange Days. Smith, en dépit du mauvais goût FM du batteur, du bonnet ridicule du bassiste Simon Gallup, est encore capable, plié sur sa guitare, de plaquer des accords aussi simples qu'intensément spleenétiques. Les titres sélectionnés évacuaient toute échappée pop, au profit des morceaux les plus dépressifs et ceux du nouvel album, donc, ce bouquet de Fleurs de sang que portent les pe