Berlin, envoyé spécial.
Le serpent de mer d'une renaissance du cinéma allemand revient toujours occuper les débats berlinois. Les déclarations du chancelier Schröder sur la création d'une académie du cinéma franco-allemand ont laissé tout le monde perplexe, et le ministre de la Culture, Michael Naumann, préférait, au lendemain de cet effet d'annonce, réfléchir sur le long terme en mettant l'accent sur la formation des futurs cinéastes.
Pendant ce temps, de Babelsberg à Francfort, on s'active à l'avènement de l'ère numérique en rêvant de reconquérir le marché par ce biais prometteur. Chaque année, le Forum de la Berlinale accueille, quant à lui, la section «Neue Deutsche Filme», qui, avec une quarantaine de films récents, pour la plupart réalisés par des gens nés dans les années 70, met l'accent sur une production encore active en dehors des grosses comédies à usage national. Mais il faut avouer que le potentiel de séduction du ciné allemand est faible et que cette section est régulièrement négligée par la presse comme par les acheteurs étrangers.
Rohmer prussien. Avec Wenders passé aux Etats-Unis, l'Autrichien Michael Haneke produit par la France et Sybergberg aux abonnés absents, Rudolf Thome est l'un de ceux qui a fait les frais de cette désaffection. Auteur persévérant de 18 films entre 1968 et aujourd'hui, il est pourtant peu estimé en Allemagne, comme l'a encore prouvé la projection, ponctuée de ricanements, de son Paradiso. En 1993, Thome a fondé sa propre boîte, Promethe