Il y a un an, à Berlin, License to Live inventait le mythe Kurosawa.
La rumeur était bonne, et on parlait déjà de ce Japonais qui tournait vite, sans doute même trop vite pour les Européens: dix sept films en dix ans. Le cinéaste arriva ensuite à Cannes et à Venise avec effectivement à chaque fois un film différent et réussi.
Cet automne, la distribution française sans doute trop rapprochée de Cure et de Charisma a quelque peu tué l'oiseau dans l'oeuf. Si, en deux semaines, le landernau cinéphile savait que Kurosawa se prénommait aussi Kiyoshi, un mois plus tard, l'excitation n'y était plus. C'est Charisma qui en fit les frais (avec 5 000 entrées à Paris contre 15 000 pour Cure). C'est pourtant son film le plus impressionnant. A l'évidence, le spectateur occidental peu habitué à un tel stakhanovisme, rechigne à s'offrir à une oeuvre qui le dépasse et se fabrique indépendamment de lui. Il préférera inviter l'ami cinéaste à son chevet et lui demander tous les deux ans un petit prélèvement halluciné en forme de film en échange de son aval. Ce qui pose d'impossibles questions aux distributeurs: comment présenter un cinéaste prolifique et passionnant sans étouffer la demande à coup d'un film tous les deux mois? Kurosawa, pourtant, n'est pas un cas isolé à l'intérieur de la production nippone: les festivaliers qui reviennent de Rotterdam ne parlent plus depuis une semaine que du travail de Takashi Mikie (voir Libération du 9 février), nouveau chouchou promis à une hype d'une a