Réactivant le vieux genre «au-dessus des partis» qui n'est qu'une
manière comme une autre (disons plutôt de droite) de prendre parti, la revue mensuelle Repérages (1), sous-titrée: «Cinéma et images en mouvement», a commis, sur le modèle du Dogma inventé par Lars von Trier et les siens, un «Dogme 2000» prétendant régir en dix commandements une nouvelle morale du critique de cinéma. Soit donc le style de l'intro («Suite à la récente et vaine polémique entre réalisateurs et critiques"») et les préceptes. Le premier est rieur: «Tout instrument permettant de prendre des notes pendant la projection (stylo, bloc-notes, Dictaphone") est interdit.» En précisant que les auteurs de «Dogme 2000» auraient pu y ajouter (chose vue) la mini-caméra vidéo (DVD) filmant l'écran à peine en douce.
Dans le même registre, le précepte 4 est souriant: «Sont formellement exclues les phrases et expressions toutes faites ("un film crépusculaire traversé de fulgurances, "qui donne à voir", "convoque les codes du genre") ainsi que toute phrase n'ayant aucun sens.» Pour charger le baudet, on pourrait y ajouter d'autres âneries classiques: «Plus belle que jamais», «échec passionnant» et autres «y a des choses, surtout au début, et pas tout le temps jusqu'à la fin, où un autre film commence». Marrant, donc, au sens potache du terme. D'autant que les quatre cosignataires du «Dogme 2000» s'empressent, quelques pages avant ou après, notamment sur les Rois du désert de Saïd Taghmaoui, de faire tout le contrair