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Libération
Fred Romano.

Les ans foirés.

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Fred Romano, 38 ans, a été la compagne de Coluche. Elle a écrit, sans pudeur, l'envers de sa vie jamais vécue à l'endroit.
publié le 18 février 2000 à 22h31

Petites couettes blondes de jeune fille qui veut laisser croire, voilà Fred Romano ­ un pseudo ­ dite aussi «la grande Fred». Pantalon de cuir, bijou recyclé autour du cou, une cuillère en Inox sur laquelle est peint l'arobase fétichiste des nouveaux technos, et «des boucles d'oreille de pute». 1,80 m en tout cas qui aimait dominer de la tête, peut-être, et des épaules, sûrement, un homme rondouillard et drôle dehors, tourmenté et fragilisé dedans, un artiste sur le fil, de fer, du rasoir. Coluche donc avec qui elle partagea, de novembre 1981 à octobre 1985, des atomes d'existence si toutefois la notion de partage peut s'adapter à deux êtres qui cheminèrent en barjots et en quête du toujours plus loin. «C'est sûr qu'il y avait toujours un côté irritant à voir en face de soi-même son propre reflet.» Miroirs qui réfléchiront ce couple étrange, qui le regarderont progresser vers une inéluctable lésion: «On avançait comme ça, une connerie, une provocation, on n'avait pas peur de se donner de façon entière, même si le corps de l'un n'appartenait pas forcément à l'autre.»

Quinze ans après, la jeune femme vient d'en tirer un livre, son premier, beau et triste, très vivant et aussi mortifère, «parce que dans ma philosophie, rien n'est blanc ou noir, il y a toujours une beauté étrange au fond de l'abominable. Ou quelque chose d'étrangement abominable dans la beauté». C'est donc un retour sur des années entre parenthèses, qu'elle intitule roman. Ecriture à l'eau de feu, à