C'est avec le Retour au désert de Bernard-Marie Koltès que Thierry de Peretti a découvert le théâtre contemporain. En 1988, la mise en scène était signée Patrice Chéreau au Théâtre du Rond-Point, le jeune homme n'avait pas 18 ans et débarquait de sa Corse natale pour devenir acteur, avec «une très vague idée de ce qu'était le théâtre». Il était alors loin d'imaginer que, des années plus tard, ce metteur en scène lui confierait un rôle dans Ceux qui m'aiment prendront le train. Et bien loin de penser qu'il monterait la pièce, présentée ce soir encore dans le cadre du festival Premières Pauses du Théâtre Paris-Villette. A l'époque, la rencontre avec la langue de Koltès agit comme une révélation: «le théâtre dans tout ce qu'il pouvait représenter de moderne et de sauvage».
Sauvage comme l'ensemble de l'oeuvre. Sauf que cette pièce, l'avant-dernière (avant Roberto Zucco), y tient une place particulière. Déjà très malade, Koltès se retourne sur le passé pour le dynamiter. Dans un sursaut rageur contre le confort assoupi de la bourgeoisie de province, l'enfermement de la famille, le sentiment national qui l'ont conduit à fuir, à peine majeur, sa ville de Metz. Et tant qu'à faire, le dramaturge lance un pavé dans la mare du théâtre subventionné en destinant le rôle principal (Mathilde) à Jacqueline Maillan: «Je vais écrire un monologue dans lequel elle dira que la France n'est pas sa patrie et qu'elle ne sait pas où est sa patrie.» Au passage, la grande dame de la scène privée, à q