«Donnons-nous rendez-vous à Strasbourg-Saint-Denis, dans le ghetto»,
propose Biley, organisateur ivoirien des premiers concerts de Koffi Olimidé et «son oeil dans la communauté ouest-africaine». Le ghetto, c'est ainsi que les Africains de Paris appellent le quartier qui s'étend de Château-d'Eau à Château-Rouge et se prolonge jusqu'à Marcadet dans le XVIIIe arrondissement et à Brochant, dans le XVIIe. Et depuis jeudi, le ghetto est en effervescence, c'est la dernière ligne droite avant le concert de Koffi. La sape mal comprise. Les dames font leurs emplettes puis se serrent sur les sièges des salons de coiffure pour tisser les tresses et arranger le chignon «des grandes cérémonies». Les messieurs, eux, se pressent pour dénicher la tenue appropriée: «Il faut qu'elle soit neuve pour qu'elle ait l'air le plus clinquant possible», explique Ethel N'Gombe, né en France de parents du Congo Brazza'. Titi Nzoso, secrétaire général auto- proclamé du mouvement de la sape (Société des ambianceurs et des personnes élégantes), a même fait l'aller-retour mercredi à Milan pour rapporter les derniers accessoires Versace pour son magasin à Brochant. «Les sapeurs qui faisaient fureur à la fin des années 70-début des années 80 n'ont pas disparu, ils sont juste rentrés dans la norme, explique Titi attablé au restaurant de la Mère Malou, rue Guy-Mocquet. Nos rêves de jeunesse ont été récupérés par les gens de la mode comme Jean-Paul Gaultier mais notre message politique, peu de gens l'ont compris