Un cinéaste, même nul, est toujours le David Wark Griffith de quelqu'un; un film, même catastrophique, a toujours sa pierre à apporter à l'édifice du cinéma. Fort de cet adage, Peter Jackson, doublé d'un ami inconnu (Costa Botes), vient de tourner un documentaire poilant sur le cinéma: l'histoire bidonnée et bidonnante d'un Néo-Zélandais évidemment obscur, le gratiné Colin MacKenzie, chercheur d'or du cinéma avant Edison et les Lumière, réalisateur manqué du premier long métrage et du premier gros plan, preneur de sons avant le parlant, initiateur de la vague des grandes reconstitutions bibliques quelques mois avant Intolérance" Cette calamité filmante n'a heureusement jamais existé. Il n'est que la statue factice qui sert à déboulonner d'un fou rire les stèles flétries d'une historiographie ampoulée. Histoire officielle qui n'a fonctionné longtemps que sur l'édification de chapitres mausolées où toute évolution attend patiemment son génie. De cette historiographie monumentaliste, il était temps de faire la parodie terminale. Si vous saviez déjà que Hollywood n'est peuplé que de vieillards cacochymes ressassant au bord de leur piscine des souvenirs naphtalinés, vous aviez peut-être une plus haute idée des professeurs Nimbus qui hantent les souterrains des cinémathèques et qu'il est plus commode d'appeler «archivistes»? Il est pourtant de notoriété publique qu'à force d'inhaler des vapeurs de nitrate, ces vampires nécrophages sont de vrais toqués absolument irrécupérables. D
Critique
Le calamythomane du grand écran.
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par Philippe Azoury
publié le 23 février 2000 à 22h40
(mis à jour le 23 février 2000 à 22h40)
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