La page est tournée. A l'automne un «Festival del teatro d'Europa
dedicato a Giorgio Strehler» a rassemblé à Milan une série de productions prestigieuses venues d'Allemagne, de France, d'Angleterre, de Russie" Ultime salve d'honneur avant d'entamer l'après-Strehler. En ce mois de février, Luca Ronconi, le successeur, présente ses deux premiers spectacles en tant que directeur du Piccolo Teatro de Milan.
Deux histoires. La nostalgie n'est pas de mise. D'abord parce que les lieux ont changé. La mort de Strehler (la nuit de Noël 1997) a coïncidé avec la fin de la construction du nouveau Piccolo. Le navire amiral n'est plus l'ancienne petite salle de la Via Rovello, mais une vaste cathédrale de brique rose, à deux pas du métro Lanza, dont l'intérieur évoque un lobby d'hôtel de luxe, avec ses bois précieux et ses luminaires en forme d'étoiles de baguettes de fées. La salle est vaste (1 000 places) et confortable, elle n'a ni charme ni histoire, même si Strehler en avait rêvé longtemps (près d'un quart de siècle) et en avait lui-même supervisé les plans. Ce nouveau bâtiment porte naturellement son nom «Teatro Strehler» , alors que l'ancienne salle s'appelle «Teatro Grassi», en hommage au cofondateur, disparu depuis longtemps. S'y ajoute le «Teatro Studio», inauguré en 1987 (et où Strehler donna notamment son Faust). Trois salles qui forment un réseau cohérent, mais qui surtout tendent à exister sous leur propre nom. Certains déjà ne parlent plus d'aller voir tel spectacle «au Pi