Tempête de communiqués tous azimuts dans les milieux culturels:
arrivant par surprise, la décision du Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA), qui vient d'ouvrir (pour dix-huit mois) l'accès à la publicité télévisuelle aux sites Internet du cinéma, de l'édition, de la presse et de la distribution, suscite décidément beaucoup de remous (cf. Libération du 25 février).
Livres et films, en effet, sont en principe interdits de publicité télé. Une mesure qui vise à protéger la diversité de ces secteurs contre une «réclame» trop coûteuse réservée aux grandes compagnies et aux best-sellers. Mais le CSA fait sauter cette barrière: qui dit pub pour le site dit en effet vue du contenu, et donc pub indirecte pour les livres et les films. «C'est scandaleux qu'on prenne ainsi des décisions sans en informer auparavant les professionnels du secteur», s'est insurgé, dès jeudi, Serge Eyrolles, le président du Syndicat national des éditeurs. Les organisations du cinéma, de leur côté, montrent les dents. Le Syndicat des producteurs indépendants (SPI), la Société des réalisateurs de films (SRF) et l'Union des producteurs de films (UPF) dénoncent une mesure «prise dans l'opacité la plus totale, en contradiction totale avec l'esprit de la réglementation: ["] le Conseil supérieur de l'audiovisuel a gravement manqué à ses missions et se fait l'instrument de la dérégulation». La chambre syndicale des producteurs de films (l'organe des «circuits» et des poids lourds de la production) souligne, elle,