Une image fournira la métonymie du dernier opus de Georges Lavaudant. Une théorie de faux musiciens traverse la scène en faisant semblant de jouer des instruments. D'où, sans doute, le titre Fanfares. La séquence est insistante, puisqu'elle se rejoue à l'identique un peu plus tard. La vraie musique est délivrée en son off. L'effet est exactement le même que celui produit par les rires enregistrés dans les émissions télévisuelles.
De ce spectacle fondé sur «la gaieté légère et irresponsable», le ressort principal est l'esthétique petite-bourgeoise s'appuyant sur un goût immodéré pour le cliché et la citation culte. Dans cette dernière catégorie, Godard et Deleuze, toujours en voix off, sont convoqués pour garantir cette plus-value intellectuelle qui fait cruellement défaut à la pièce et qui apporte la caution culturelle dont raffole justement la petite-bourgeoisie supposée éclairée.
Au registre des clichés, on trouve d'abord l'exotisme de la cagna plantée dans une sorte de désert, avec l'inévitable palmier, le baroudeur en tenue camouflée, le colonial sirotant son whisky, etc. Pour l'ambiance, on se vautre dans l'ennui élégant de femmes endimanchées marchant à la recherche d'un improbable vice-consul durassien. Pour les lumières, on se souviendra de Bob Wilson, à condition d'en choisir une version naturaliste projetée par les phares de motos ou de voitures hors champ (vieux tic dramaturgique). Pour le texte, on préférera faire concis et faussement modeste, à grands coups de ra