Jeudi entre midi et deux, heure normale d'ouverture du Musée
national d'art moderne (MNAM), rien ne marche très bien au niveau 4 du Centre Pompidou. Presque toutes les vidéos et les installations mobiles sont en effet inanimées, éteintes, privant l'étage contemporain du musée, de la contemplation d'une partie de ses oeuvres. Vidéos muettes, salles closes (niet Joseph Beuys aujourd'hui) par des bancs jetés en travers d'une porte (c'est ainsi qu'est exposé, entre un banc et les toilettes, le Tombeau de Webern de Jean Dewasne, en hommage à cet artiste mort l'année dernière)" Tel est l'état du Musée national d'art moderne deux mois à peine après la réouverture de Beaubourg et au moment ou s'inaugure son espace «nouveaux médias» (1), deux salles de consultation pour internautes. Mais là n'est pas le plus pitoyable. Le pire dans ce musée est bien l'accrochage, la façon dont les oeuvres ont d'abord été sélectionnées (dans le fonds du MNAM) puis installées (par l'équipe des conservateurs/trices). Foire. L'accrochage d'une collection, c'est le nerf de la guerre d'un musée. Car c'est non seulement la partie visible de l'iceberg, celle que les visiteurs perçoivent, mais encore, l'articulation d'oeuvres les unes avec les autres. Pour composer un parcours, c'est-à-dire une histoire, voire une lecture de l'histoire de l'art. On donne toujours l'exemple du MoMA de New York qui, dans les années 1960, partait littéralement de l'ombre (des salles sans fenêtres où trônaient Cézanne, Picasso,