Alors que Notre-Dame de Paris, le show de Luc Plamondon et de
Richard Cocciante, revient à Paris pour trois mois le Palais des congrès affiche déjà complet et s'apprête à conquérir l'Angleterre, s'annoncent quatre autres spectacles musicaux à l'artillerie lourde: Da Vinci, les ailes de la lumière, les Mille et Une Vie d'Ali Baba, les Dix Commandements et Roméo et Juliette. Jeux tendus de producteurs qui misent gros, ultimes cartes d'auteurs usés par un marché contraignant et versatile: les professionnels du divertissement et de la variété revisitent le genre. Et aimeraient bien que la mode perdure. «En 1993, explique Luc Plamondon, j'ai eu envie de monter un spectacle sur une histoire inédite. J'ai pris le dictionnaire des oeuvres et des personnages de la littérature et je l'ai feuilleté. A la lettre Q je me suis arrêté sur Quasimodo et ça a fait tilt. Pourtant, j'avais passé sans sourciller la lettre E et Esméralda"»
Engouement surprenant. Une page cornée dans un dictionnaire, cinq producteurs qui refusent, Charles Talar (lire aussi page 34) qui accepte, et voilà l'un des plus impressionnants succès commerciaux mis sur rails: huit millions d'albums vendus, deux millions de spectateurs et plus d'un million de cassettes vidéo. Or ce triomphe se double d'un mystère: pourquoi un tel engouement quand la comédie musicale apparaît en France une gageure très risquée? La comédie musicale apparaît au début du siècle, dans le sillage de l'opéra et de l'opérette. Les Américains s'en