Trente ans après sa publication, Switched-On Bach pose toujours des
questions essentielles. Un paradoxe car, publié en 1968, l'enregistrement voulait justement échapper à tout questionnement théorique (sérialisme, musique aléatoire, etc.) pour redonner au grand public le goût immédiat du classique. Et ceci en des temps où la musique électronique était méprisée par les tenants de «l'atonalisme repoussant de Schönberg et des postsérialistes» et autres formalistes se réfugiant derrière des concepts «pseudo-mathématiques» à seule fin de «frapper les esprits». A ces adeptes d'un nouveau «nihilisme musical encensés pour leur refus de l'harmonie, de la mélodie et de la métrique, plutôt que pour ce qu'ils proposent». Switched-On Bach de Walter Carlos qui signe les propos acérés qui précèdent, rappelait que la musique de Bach parfaitement abstraite ne souffrait en rien d'être jouée au synthétiseur Moog, et pouvait gagner le public des Beatles et Jimi Hendrix, qui feront du disque un n° 1 des charts.
Sonorités abrasives. Glenn Gould pas moins séduit, saluait dès The Well Tempered Synthesizer (1), deuxième album de la série, le rendu polyphonique exceptionnel, par un article concluant que le quatrième Brandebourgeois enregistré par Carlos était le meilleur de tous ceux qu'il avait entendus. Parallèlement, Carlos, compositeur, instrumentiste, chef, concepteur d'instruments, électronicien, mathématicien, physicien, acousticien, prouvait aux détracteurs du synthétiseur, la richesse timbrale