Comme dans un film, une limousine avec chauffeur attend au pied de
l'immeuble. Luc Besson l'a fait envoyer. Il désire parler. Essentiellement à propos de cet événement qui l'accable: à Paris, des dos de kiosques ont affiché la une de l'Evénement du Jeudi qui l'accuse de «plagiat». «Le président du prochain festival de Cannes est-il un usurpateur?» s'interroge l'hebdomadaire, évoquant divers procès intentés au cinéaste.
Cap à l'Ouest, donc, vers la Normandie. Au-delà de Dreux, prendre vers l'Aigle, puis farfouiller dans les parages de la N138. On n'en dira pas plus: Luc Besson est réputé soucieux de son intimité. L'adresse, cependant, n'est pas secrète. Elle est même bien connue de nombreux professionnels: dans son domaine normand, Besson accueille en permanence certains confrères et des techniciens du cinéma. Entre Moulinsart et Xanadu, sa propriété consiste en un manoir central et privé, réservé à l'usage personnel et familial du maître des lieux, avec, tout autour, sur des prairies enceintes de murailles, des petites maisons et des remises rénovées ou en passe de l'être: ici une «auberge» pour les cantines des tournages, là un morceau du décor de Jeanne d'Arc, ailleurs un chantier boueux et imposant d'où doit surgir un studio son. Il y a aussi, surtout, une vaste grange du XVIIe siècle dans laquelle a été niché un stupéfiant auditorium de mixage, piloté par une colossale console Oxford: «Un exemplaire unique en Europe», précise Besson. Bois clair, acier mat, écran géant: l'