Le musée du château de Versailles détient-il deux fauteuils de
Marie-Antoinette qui ont été volés au musée de Berlin? Tout porte à le croire, ce qui ne veut pas dire qu'en l'occurrence les conservateurs se soient montrés coupables d'indélicatesse. Simplement, cette affaire a été gardée confidentielle afin de ne pas susciter d'éventuels embarras.
De Paris à la Prusse. La chaise du comte Greffulhe mise aux enchères aujourd'hui à Drouot appartient en effet à une série qui avait été commandée à partir de 1784 par Marie-Antoinette au menuisier-ébéniste Georges Jacob, pour son «cabinet de la méridienne» (1) à Versailles, mais aussi pour les Tuileries, Compiègne et Fontainebleau. Avec de légères variantes selon les châteaux, chaque ensemble reprenait un prototype qui avait été réalisé pour le «pavillon du rocher» au Trianon. L'inventaire du mobilier de la reine a malheureusement disparu en 1792. La perte de cette précieuse documentation est devenue une légende pour les historiens d'art. A-t-elle été détruite par le responsable du garde-meuble, le concierge du Trianon Bonnefoy-Duplan, qui craignait qu'elle ne serve de pièce à charge au procès de Marie-Antoinette, accusée de mener grand train? Ou a-t-elle été volée après sa saisie par les commissaires du peuple? Ou encore, a-t-elle disparu dans un incendie?
En revanche, les meubles royaux furent presque tous dispersés aux enchères lors de la Révolution, à la plus grande joie des marchands anglais ou allemands, et on retrouve la trace,