Réglons la question du «fallait-il ou pas?» En constatant d'abord
que Métamec, album posthume de Léo Ferré, correspondait bel et bien au dernier projet du chanteur avant sa mort. En vérifiant ensuite que les producteurs de ce disque son fils Mathieu et Alain Raemakers, de Harmonia Mundi (distributeur) n'ont procédé à aucun bidouillage flagrant: pour l'essentiel, les neuf titres qui composent l'album sont des premières prises, où le chanteur s'accompagne lui-même au piano. Les scories techniques sont nombreuses souffles intempestifs, sautes d'intensité, et même trébuchement sur des vers mais non rédhibitoires. Elles contribuent à accentuer la couleur «outre-tombe», tout en restituant un Ferré familier: le type qui travaille dans la pièce d'à côté. Tout procès en «trahison» serait donc très exagéré.
Reste la place de ce Métamec dans l'oeuvre du chanteur: évidemment pas la première. Il s'agit d'un patchwork où l'on trouve du meilleur et du moins bon: un portrait finalement assez fidèle. Avec deux chansons de facture «classique»: le Vieux Marin et Du coco (toutes deux écrites pour l'Opéra des rats, spectacle mis en scène par Richard Martin). On y retrouve l'éternel gouailleur, entre musette, castagne et firmament («Si t'as pas d'galette/Il faut rester chez moi/On f'ra nos emplettes/Au décrochez-moi ça»). Dans la veine mélodique, on y adjoindra l'étonnant et très touchant Michel, une impro à la radio en hommage à Michel Lancelot, producteur de l'émission Campus.
Restent