«Une sorte de vertige nauséeux nous prend face à ce séduisant
inadapté qui, si nous n'étions pas animés par la moralité, pourrait être nous-mêmes.» C'est ainsi qu'Anthony Minghella neuf oscars pour le Patient anglais en 1996, dont celui du meilleur réalisateur présente le héros mimétique et meurtrier du roman de Patricia Highsmith Monsieur Ripley, dont il offre une nouvelle adaptation après celle de René Clément (Plein soleil, 1959). Matt Damon remplace Alain Delon dans le rôle-titre, et Jude Law Maurice Ronet dans celui du play-boy indolent Dickie Greenleaf. Evidemment, n'importe qui un tant soit peu sensé aurait fait l'inverse. Mais peu importe à l'arrivée, puisque cette version à la mode dopée Miramax (chaque plan dégouline de vulgarité nouveau riche) ne va pas, de toute façon. Minghella, qui a personnellement écrit le scénario, a ses petites convictions. Il voit ainsi en Ripley un être faible, névrosé, un type banal, n'était son horrible secret de tantouze honteuse enfermée à triple tour dans son placard wasp. Ce scoop fracassant est arraché d'un coup de pince-monseigneur psy par Minghella, qui a dû lire quelque part que Highsmith était lesbienne, et, craignant qu'on suive mal la direction de son regard, Damon tortille pour nous son joli popotin devant la glace et hésite longuement à boire l'eau du bain de Greenleaf.
Qui dit tare biblique (Sodome) dit péché, donc punition (pluie de feu). Minghella, ayant clarifié avec courage le problème du personnage, décide, dans so