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Libération
Critique

Cinéma. Superbe état des lieux du couple japonais, d'un point de vue d'entomologiste. «M/Other», d'outre-mère. M/Other de Suwa Nobuhiro, avec Miura Tomokazu, Watanabe Makiko, Takahashi Ryudai. 2 h 27.

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publié le 8 mars 2000 à 23h00

Kezako? Un duo d'adultes, une chorégraphie duelle. Un corps à corps

nippon se heurtant à des vitres aux reflets bleutés, deux papillons épinglés sur une table d'entomologiste, quelque chose comme l'état des lieux du couple japonais. Un Japon sans sushi ni yakusa, sans filles ligotées ni robots baston. Mais au contraire une maison subtilement iconoclaste et contemporaine, où l'on mange des spaghettis sauce tomate à la fourchette et où, au comble de la rupture de tatami, la famille ose s'affirmer mutante. Le théorème est simple mais relativement neuf pour le Japon: une femme, un père et son fils. Cherchez l'intrus, cherchez la mère. Elle est off, la mère, dans les plates-bandes (accident de moto, faïence d'hôpital). En conséquence, la femme, l'autre femme, l'amante, devra se substituer pour un mois à la mère cabossée. Etre une maman pour ainsi dire «en outre». Devenir l'outre-mère.

Enfant-séisme. Cette mathématique moderne, c'est la nôtre depuis longtemps. Mais le cinéma occidental ne l'a toujours pas filmée; il a filmé le couple, ce qui n'est pas la même chose. C'est une image de la famille qu'un Cassavetes aurait sans doute adoré accrocher si on lui en avait laissé le temps. Suwa Nobuhiro sondant lui aussi le courant d'amour (son premier film s'intitulait 2/Duo), il sait qu'il lui faut partir d'un filet d'eau ténu pour remonter jusqu'au fructueux geyser, assembler les pièces d'origine aux pièces rapportées. L'enfant de 8 ans né du premier lit débarque donc, comme de trop, chez