Van Gogh aurait sûrement ouvert des yeux ronds s'il avait pu
assister à l'audience qui s'est tenue hier au tribunal de Paris. Les héritiers du banquier Jean-Marc Vernes, qui avait acheté en 1992 pour 50 millions de francs le Jardin à Auvers de Van Gogh, ont demandé le remboursement de cette somme et l'annulation de la vente, au prétexte que la presse s'était faite l'écho de doutes sur son authenticité. Ainsi le grand marchand Daniel Wildenstein a-t-il souligné que le tableau était «atteint d'un tel discrédit» qu'il n'avait plus «de valeur marchande». Le tribunal doit «sanctionner le doute du marché», a lancé devant une salle comble l'avocat de la famille Vernes, Me Bernard Bigault du Granrut. Il n'est pas allé jusqu'à reprendre l'hypothèse du faux, dont il a convenu qu'elle provenait d'«amateurs plutôt que de spécialistes». Peu importe, a-t-il dit en substance: «La fausseté n'est pas à établir.» Le doute suffit pour provoquer l'annulation de la vente. Le commissaire-priseur qui a adjugé l'oeuvre, Me Jean-Claude Binoche, doit se porter garant de la «certitude», et ce même des années plus tard.
Sabotage. «L'art est un mystère. Que les journalistes nous laissent tranquilles!» Ce propos liminaire, repris de Degas par Me Roland Rappaport, défenseur du commissaire-priseur, a donné le ton d'une plaidoirie à charge d'un journaliste du Figaro, Jean-Marie Tasset, qui avait repris à son compte la thèse du faux. Pour mettre les rieurs de son côté, l'avocat a complété la citation de Deg