Que se passe-t-il de l'autre côté du rideau de fer depuis qu'il est
tombé? Le Jeu de Paume, prédestiné par son nom à saisir la balle au (re)bond, relance la question en organisant quatre expositions successives sous l'intitulé générique: «L'autre moitié de l'Europe». On comprendra, ethnocentrisme oblige, que les autres, ce sont les Non-Occidentaux, les Russes, Polonais, Bulgares, Hongrois, bref, ceux de l'Est, les Ossie comme on dit à Berlin. Que deviennent-ils pendant que, de ce côté-ci, nous autres qui formons la «première» moitié de l'Europe, nous fourbissons inlassablement nos arguties pour nous demander si l'art, c'est plus ou moins que du cochon, si le contemporain se porte bien ou s'il n'est pas une foutaise généralisée; autant de querelles byzantines qui agitent les cénacles vibrionnants de Paris, de Londres et de Milan.
Résurgence du religieux. Eh bien, là-bas, entre deux guerres, ils ne se portent pas si mal. Trois commissaires une Polonaise (Anda Rottenberg), un Russe (Viktor Misiano) et un Hongrois installé à Vienne, donc à l'Ouest (Lóránd Hegyi) ont concocté ce que les instituts de sondage appellent un panel. Le principe en est simple: sélectionner quelques artistes ayant déjà fait leurs preuves sur la scène dite internationale (c'est-à-dire occidentale) et leur adjoindre des artistes supposés prometteurs. Pour parvenir à leurs fins, ils n'ont su éviter certaines contorsions douteuses, la plus comique étant d'avoir retenu Roman Opalka dans l'écurie polonaise.