Si Utrecht a vu la naissance du premier coffee-shop des Pays-Bas en
1968, la petite ville néerlandaise est aussi connue des musiciens de toute la planète: le centre culturel Rasa y propose une ambitieuse programmation de world music, de l'ethno aux tendances les plus novatrices. Le 4 mars, un concert conciliait les deux: Sin Palabras, groupe de La Havane, joue une dance music fondée non sur l'électronique mais sur les tambours.
«Identité». A l'origine, le rêve de Sin Palabras est l'affaire de deux hommes. Un disc-jockey français venu se ressourcer à Cuba et un musicien cubain de salsa insatisfait. Jean-Claude Gué a connu l'âge d'or des radios locales. «Le soir du 10 mai 1981, raconte-t-il, je montais sur un toit à Lyon pour poser l'antenne de Ciel FM. L'aventure a duré quatorze ans. Quand la station est passée dans le giron de NRJ, j'ai tout laissé tomber pour m'installer à Cuba. J'ai débarqué à La Havane avec mes disques et un peu de matériel. A l'époque, j'étais à fond dans la house de Chicago et la production new-yorkaise, genre Little Louie Vega. Sur place, j'ai constaté l'énorme différence entre la qualité des musiciens et la nullité de ce que passaient les discothèques.» Jean-Claude Gué se mêle donc au milieu musical, apprend l'espagnol, se marie, et devient proche d'Eduardo Lazaga, joueur de congas dans la Charanga Habanera, le groupe phare de la timba (la salsa-funk à la cubaine) à l'époque. Eduardo, physique de déménageur et cheveux décolorés, se souvient: «Jean-Clau