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Libération
Interview

Me One en son miroir. Entre jazz et reggae, le Gallois d'origine jamaïcaine ouvre la voie d'un rap acoustique et introspectif. Me One, CD: «As far as I'm Concerned» (Island/Universal).

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publié le 14 mars 2000 à 22h52

C'est par courrier express, ce matin de janvier, qu'Eric Martin,

alias «Me One», reçoit la version définitive d'un album qui devrait clore un chapitre trop long de sa jeune existence (29 ans). Porté par une flatteuse rumeur, depuis l'automne, le disque n'en finit plus d'être retardé. Toutes affaires cessantes, le chanteur-rappeur gallois-jamaïcain s'enferme donc pour l'écouter fébrilement dans le ministudio aux murs bleu nuit qui jouxte son étroite cuisine. En ce qui nous concerne, nous connaissons déjà par coeur cet As faras I'm Concerned qui révèle un talent très sûr de la scène rap anglaise en plein renouveau, et les quarante-cinq minutes d'écoute sont mises à profit pour examiner le bric-à-brac du pavillon où Me One («Tout seul», en parler jamaïcain) mène sa barque en père célibataire.

Pour son fils. C'est au fin fond d'un quartier ordinaire, impossiblement lointain et mal desservi du nord de Londres; les pièces sont exiguës, des disques soul (Angie Stone) et reggae sont ouverts sur la table basse, où trône une coupure de presse jaunie: Eric Martin, âgé de 8 ans, posant à côté de son frère aîné, qui vient de le sauver în extremis de la noyade et recevra la médaille de la ville de Cardiff. Aux murs sont accrochés les disques d'or de Technotronics, groupe dance pour lequel Me One faisait des piges façon Hit Machine qui ne l'ont pas rendu très heureux. Partout, entre les jouets du fils, sont dispersés les instruments de musculation du père, un vélo d'appartement, des poids,