La rencontre avec Michael Mann est organisée dans les salons de l’ambassade des Etats-Unis, un dimanche après-midi, avant projection d’honneur de Révélations pour le gratin des Américains de Paris. L’ancien scénariste de Starsky et Hutch et producteur de Miami Vice et Crime Story est devenu un top gun à Hollywood et, dans ce cadre plutôt solennel, son ton et ses manières ne laissent planer aucun doute sur l’importance qu’il s’accorde. Après avoir envisagé de réaliser une biographie filmée de Howard Hughes avec Leonardo DiCaprio, il se retrouve à la tête d’un autre projet d’envergure, pour lequel il a coiffé sur le fil un Spike Lee fumasse: l’histoire de Muhammad Ali, où Will Smith tiendra le rôle du boxeur. «Je suis ambitieux», convient-il avant de se lancer dans une étrange démonstration sur l’avantage qu’il aurait à organiser lui-même sa mise à mort programmée en signant un monumental ratage: «De toute façon, je suis attendu au tournant, je finirai bien par retourner à la TV.»
Chaque séquence de «Révélations» semble jouer sur une tension entre l’individu et son environnement.
Quand je me suis retrouvé confronté à cette histoire, je me suis demandé comment réaliser un thriller dans un environnement ordinaire, faire surgir l'émotion au coeur de la banalité, donner aux objets mêmes une force psychologique qui agirait sur les personnages. J'ai gardé constamment cette question à l'esprit pour que le public ressente physiquement l'angoisse qui peut se dégager de l'innocence