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Libération

Tendances. Styles. Merci d'être velues. Après l'ère du corps épilé, lissé,abrasé, le poil effectue une poussée chez les femmes. Retour en force d'un naturel animal et dérangeant.

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publié le 18 mars 2000 à 23h29

Une femme à poil est étalée sur la quasi-totalité d'une double page

de The Face, ce mois-ci (mars 2000). Par sa pose classique, reposant sur un coude, l'autre replié derrière la tête encadrée par un immense chapeau, cette femme poilue affronte le lecteur comme naguère l'Olympia de Manet (1863): frontalement. Elle arbore franchement sa pilosité: moustache, aisselles, ventre et maillot. Comme si elle avait récemment jeté aux orties son rasoir, sa crème dépilatoire, ses bandes de cire chaude ou froide, ses rendez-vous laser ou épilation électrique. Mais son image, non plus, n'a pas été lissée ni liftée par les soins de Photo Shop, l'esthéticienne de toutes les photographies de mode ­ ce dont témoignent aussi les veinules apparentes de ses cuisses et la marque à son poignet. C'est une femme à poils repoussants. Non seulement parce que «ça» repousse régulièrement (comme les règles, le poil a ses périodes). Mais parce que le poil dénote une animalité dérangeante. Que les journaux bien-pensants recommandent d'escamoter fissa. Voir le conseil beauté d'un magazine suisse: «L'été arrive, et ­ surtout si vous êtes brune ou noire de cheveux ­ vous avez probablement tendance à avoir des poils visibles sur les bras. Vous ne trouvez pas cela esthétique? Voici ce qu'il faut faire: passez-les à l'eau oxygénée à 20 volumes. Ils deviendront blonds et resteront invisibles.»

Le retour du refoulé. Hélas! le poil rasé repousse. La formule est à prendre dans toutes ses acceptions, dans une société (