Jim Shaw fait partie de ces artistes métastatiques pour lesquels
produire et proliférer sont synonymes. La rétrospective que lui consacre aujourd'hui Genève, après avoir séjourné au Luxembourg et avant de se rendre à Santa Monica, en Californie, couvre vingt-cinq ans de travail d'un homme qui n'en a pas encore cinquante. Ses oeuvres, réunies sur deux étages, occupent une surface considérable et leur accrochage rappelle ceux en vogue au XVIIIe siècle, à l'époque des Salons de Diderot, qui s'escrimaient à couvrir la plus petite parcelle des cimaises. Mais le néoplasme n'est pas seulement territorial, il répand ses protoplasmes à l'intérieur même du cadre ou du territoire de chaque oeuvre.
Les peintures ont l'air d'être exécutées à la va-vite comme s'il s'agissait de développer un nouvel usage de la bad painting. Les installations mêlant documents personnels, sculptures, vignettes, bandes dessinées, photographies en séries et en détails, insistent aussi sur l'encombrement et la saturation de l'espace. L'iconographie est celle de l'imagerie américaine, plutôt californienne, et l'intention paraît être critique par la multiplication des occurrences (pléthores de faux et vrais Snoopies, par exemple) et l'exacerbation des codes (surdimensionnement de figures ordinaires). Jim Shaw joue délibérément sur la narrativité dans une esthétique issue du pop art, mais retournée sur son versant low. Il emprunte sans vergogne à d'autres artistes leur technique, à Chuck Close notamment, dans ses