Pour arriver à la forêt, il faut traverser la totalité du Musée
d'art moderne et contemporain (Mamco) de Genève, bâtiment industriel sur cinq étages, partagé entre hall pour voitures de collection et installations qui jouent, comme leurs voisines automobiles immobiles, mais avec davantage d'humour, à la désincarnation d'un monde d'objets sans objet. Pour arriver à la forêt, il faut traverser des salles indistinctes, encombrées de caisses, hérissées de tiges et de tubes, puis des appartements témoins, scénographie soigneusement composée d'oeuvres d'une myriade d'artistes dont on s'épargnera ici d'étaler l'assommante litanie des noms.
Etouffant. Rien n'interdit de s'asseoir dans des canapés géants pourvus de coussins aux couleurs criardes et strictement monochromes, et de prendre place devant une table basse pour feuilleter un non-magazine. Rien ne l'interdit (les gardiens sont assoupis) si ce n'est une échelle (tout est trop grand, ou trop petit) inadaptée. On y erre donc dans un malaise assez proche de celui ressenti dans un magasin d'ameublement vide de toute présence, conçu pour les archétypes d'une non humanité à venir. Qui pourrait s'installer sur une chaise raide comme la justice à un bureau pourvu d'un ordinateur hors d'âge et flanqué d'un setter empaillé à la langue pendante?
Pour pénétrer (on y arrive, on y arrive") dans cette forêt, il faut se frayer un passage dans les plis d'un rideau gris taillé dans une moquette dernier choix. Ceux qui sont avides de verdure et d