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Libération

Dans l'""intimité"" de Chéreau. A Londres et en anglais, Patrice Chéreau tourne l'adaptation d'un livre de Hanif Kureishi.

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publié le 22 mars 2000 à 23h23

Londres, envoyé spécial.

On ne se laisse pas longtemps égarer par l'ambiance studieuse de la scène: dans les studios délicieusement défraîchis d'Ealing (quartier de l'ouest de Londres), où furent tournés quelques classiques du cinéma anglais (dont Passeport pour Pimlico), Patrice Chéreau, costume sombre et chemise lavande, fines lunettes et feuillets proprement raturés, travaille sur un dernier état du scénario d'Intimité comme s'il faisait passer un oral. Sous la rigueur de l'exercice perce un peu de la nature du film, qui sera cru, à vif, écorché, dans le registre «thriller des sentiments» qui sied au réalisateur. «Se donner un choc». A son vis-à-vis très cool Britannia qui l'aide à retransposer en anglais l'adaptation qu'il a faite du roman londonien d'Hanif Kureishi, le Français, intraitable, demande à chaque instant d'être plus inconvenant, «plus cockney, plus parlé, plus méprisant». Parfois, ça coince. Tout semble éternellement suspendu à la précision cruelle d'une formule. Comment, au hasard d'une rencontre dans un pub, dit-on: «C'est toi la baiseuse?» Quel équivalent à «tu me remets?» ou à «chtarbé». Comment rendre de la manière la plus brute ce que Chéreau a reconnu de lui en Kureishi et «sa langue impitoyable et affectueuse»? «J'ai l'impression profonde d'être en accord avec lui, dit le réalisateur: le rapport au sexe, à l'amour. Le désespoir. Et l'humour. Pas toujours de bon goût. En France, ça passe mal"» Après avoir envisagé un film en Espagne, il dit tourner