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Libération

La censure rampante des distributeurs vénézuéliens. Peu rentables, les films locaux sont ignorés au profit d'Hollywood.

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publié le 22 mars 2000 à 23h24

Caracas, de notre correspondant.

D'un côté les distributeurs, de l'autre les producteurs et cinéastes vénézuéliens. C'est Pinochet dont la capacité de nuisance est décidément illimitée, qui a déterré la hache de guerre. Le général est en effet le «héros» invisible mais brutal et sanguinaire de l'émouvant long métrage de Pablo de la Barra Antes de morir. «Ce film, enrage son producteur français Philippe Toledano, installé depuis trente ans au Venezuela, ne pouvait pas être plus en osmose avec l'actualité. Nous voulions d'ailleurs le tourner au Chili mais à l'époque, le dictateur y portait toujours beau, à défaut d'exercer encore directement le pouvoir. Toutes les autorisations furent refusées. Peut-être parce que le script évoquait ce devoir de mémoire à l'égard du crime que constitue la torture généralisée, et sur lequel l'arrestation de Pinochet à Londres a mis le doigt.» De la Barra, aujourd'hui vénézuélien mais d'origine chilienne, avait dû se résoudre à filmer à Caracas. Depuis c'est le cauchemar. «Antes de morir devait d'abord sortir fin décembre», explique Toledano. «Les distributeurs ont expliqué que ce n'était pas le moment: avec les inondations, le public allait se faire rare dans les salles. Du coup, on a été reporté à fin janvier. Et ça a assassiné purement et simplement le film. Après nous avoir promis des salles prestigieuses, les distributeurs nous ont hébergés dans trois petites salles populaires, situées à quelques mètres l'une de l'autre. Et ils nous ont re