Devenir une vraie Madeleine, pleurer seul tout son soûl à en tremper
le fauteuil et la moquette, finir en serpillière dégoulinante, pathétique à souhait: un sacré challenge pour l'année en cours. Dans cet effort, l'oeuvre de Dieu, la part du diable de Lasse Hallström est d'une aide substantielle qu'il ne faudrait surtout pas négliger. A un moment donné, par exemple, un enfant de l'orphelinat de Saint Cloud dans le Maine (Nouvelle-Angleterre) où se déroule la première partie du film, meurt et le bon Dr Larch l'enterre sans broncher dans le jardin. Plus tard, de terribles coups de tonnerre (maladie, inceste, séparation, d'autres morts") ébranleront les destins de personnages qui avaient pourtant démontré à longueur de scènes leur inaptitude foncière à la vilenie. Dieu, ou le diable, frappe où et qui il veut.
Produit par Richard Gladstein, tête pensante de Miramax (à son tableau d'honneur Pulp Fiction, Prêt-à-porter, Smoke"), adapté de son propre roman par l'écrivain à succès John Irving, le film est sept fois nominés aux oscars: meilleurs réalisateur, scénario, musique, décor, montage, second rôle et meilleur film. Douce impertinence. Lasse Hallström n'est pas un inconnu. Né à Stockholm, il se fait connaître, en 1985, avec Ma vie de chien, bien que sa carrière ait démarré bien avant, d'abord à la télévision suédoise puis au cinéma avec un certain nombre de films restés inédits, dont son coup d'essai Abba: the Movie (1977). Pas vraiment un punk, on l'aura compris, mais Hallströ