Garage Olimpo est le premier film argentin sur la torture sous le
règne infâme de la junte on estime à 30 000 le nombre de disparus pendant les sept ans (1976-1983) de la dictature militaire du général Videla. Son réalisateur, Marco Bechis, fut torturé deux semaines durant, en avril 1977. Il était alors instituteur. Les tortionnaires militaires n'ont jamais été poursuivis en Argentine, protégés qu'ils sont par la loi d'amnistie du «point final». Dans un monde sensible, ces données auraient dû suffire à vaincre notre scepticisme de mise dès qu'il s'agit d'une image à haut risque, condamnée à se coltiner l'irreprésentable. Après cela, se demande-t-on, une critique esthétique est-elle pertinente? Plus que jamais, car les dispositifs doivent faire preuve de distance pour mieux embrasser les luttes. La mise en scène doit s'essayer à être une lame. Décidément, les critiques ne sont jamais contents" Sauf nous, aujourd'hui, avec Garage Olimpo.
Notre honte. Entièrement du côté de la plaie vive et du travail de deuil, exorcisme sous forme de transsubstantiation, l'histoire de Marco Bechis est devenue celle de Maria, institutrice enlevée et torturée par celui qui, dans le civil, est son amoureux transi de voisin. Et le bourreau ici porte sur ses épaules notre mauvaise conscience. Il la porte sans éclat, sans événement, c'est un bourreau bien ordinaire, un fonctionnaire de la douleur qui se rend au garage Olimpo, transformé en sordide geôle de fortune, comme on va à l'usine, par habitud