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Libération
Critique

Fersen le manant

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Virée provinciale avec le Titi animalier en concert ce soir à Paris.
publié le 23 mars 2000 à 23h20

«La chanson est devenue tellement prétentieuse »» Thomas Fersen dit cela avec une pointe de nostalgie. Dans ce café parisien situé à quelques regards de la Conciergerie, celui qui reprend à la fin de ses spectacles, Elle est épatante, un air d’opérette créé jadis par Michel Simon, rappelle l’origine de son nom de scène. Le Comte de Fersen fut, il y a deux siècles, le dernier amant de Marie-Antoinette avant l’emprisonnement, puis la dépréciation. Roturier, comme il aime à se définir, ce type de 36 ans n’a pas suivi d’études. Autodidacte, il a appris sur le tas. Et compare le geste aristocratique à la pose des voyous d’aujourd’hui. Des barons de la pègre, des putes, de modestes gars en prise avec leurs faiblesses, ces personnages traversent ses textes-nouvelles.

Il y a sept ans, alors qu'émergeait une nouvelle génération de chanteurs dont un certain Pascal Obispo ­ aucun point commun ­, une Victoire de la musique récompensait ce Titi né dans le XXe arrondissement de Paris. Sans prétention, le gosier éraillé semblait s'extraire de l'anonymat avec un premier album le Bal des oiseaux, dont la pâte évoquait sans peine l'univers de Prévert et Doisneau, un ami de la famille. Pour déjà couper court à toute vanité, il affublait ses héros imaginaires de noms d'animaux ou d'insectes (la Blatte). «Contrairement à La Fontaine, mes chansons ne délivrent pas de morale», précise-t-il. On y découvrait aussi des prénoms féminins, inspirés des «tragédies grecques»: Louise ou, sur Qu4tre, le dern