Un échafaudage où vivent, dans un désordre de grenier, des femmes au
regard effaré. Des hommes qui déboulent avides quand rugit un signal assourdissant et repartent presque aussitôt. Planté au milieu de tout cela, un ahuri qui lâche trois mots sur la fanfare municipale, avant de retomber dans son heureuse hébétude. S'il fallait absolument tirer une histoire de cet étrange manège, on pourrait dire que le moteur de Chaux vive carbure au désir. Celui qui fait grimper les mâles comme des chats de gouttière et fuir les filles au tout dernier moment" Jusqu'à ce que l'un attrape l'une et que la course folle se termine par une noce.
On pourra s'en raconter bien d'autres. Des histoires de pochetrons et de parasites, par exemple. Mais cette pièce quasi muette «pour cinq hommes, deux femmes et une radio» est avant tout affaire de sons, de grésillements, de rythmes et de soupirs; de passages entre la partition intime et la résonance collective. Restent aussi des tas de choses qui ne s'expliquent pas. Jean-Yves Ruf, qui jouait du hautbois dans un orchestre philharmonique avant d'être comédien, confirme avec cette deuxième mise en scène sa préférence pour un théâtre de corps, d'objets et d'espace.
La première création de la compagnie du Chat borgne, Savent-ils souffrir?, en 1997 au théâtre national de Strasbourg, se présentait comme un joyeux impromptu de copains de promo fignolé avec Pierre Hiessler, Alexandre Soulié (à nouveau de la partie) et Vincent Berger à leur sortie de l'école du T