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Pur Buren

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Quatre expos où le plasticien affûte son «outil visuel».
publié le 25 mars 2000 à 22h49

C’est une sorte de grand écart qu’a opéré Daniel Buren pour sa rentrée 2000. D’abord géographique: l’artiste (français, né en 1938) occupe en même temps les musées d’Art contemporain de Villeneuve-d’Ascq et de Villeurbanne, et deux nouveaux espaces à Bruxelles. Grand écart, aussi, dans ce que montre Buren, trop souvent réduit à son «outil visuel», ces rayures alternées blanches et couleur de 8,7 cm chacune. A Villeneuve-d’Ascq, sous le nom de rétrospective, s’expose en effet un Buren «avant Buren»: tout au moins avant ce Buren-là, qui présenta en 1967 au sein du groupe BMPT (Buren-Mosset-Parmentier-Toroni), au musée des Arts-Décoratifs de Paris, un carré de toile rayée acheté au marché Saint-Pierre (Paris XVIIIe) dont deux bandes blanches avaient été peintes en blanc. A Villeurbanne, à l’inverse, c’est un peu un «après Buren» qui se découvre, à travers des constructions sophistiquées, jouant avec les miroirs, les lumières, voire même les effets, tels des vitraux, des diffractions colorées de la lumière.

Inversion. Avant d’adopter son «outil visuel», Buren est peintre. Ses tableaux (à partir de 1964) se coltinent l’une des questions primordiales de l’art moderne: lorsqu’on abandonne la figuration, qu’est-ce, alors, que la forme et le fond? Certains (Pollock) brouillent les deux termes en dessinant un «champ» pictural indiscernable. Buren s’intéresse plutôt à l’inversion: les rayures peintes (puis achetées telles quelles) se retrouvent sous une couche de peinture. Laquel