Quelques jours après que la bannière marocaine a claqué sur les
Champs pour la venue du roi Mohamed VI, Tyoussi Mad va régner le temps d'un concert sur la scène du Divan du monde. Jovial et plein de candeur, Tyoussi, 36 ans (même âge que le souverain), a toujours cru en sa bonne étoile. Seul face au raï hégémonique, il défend depuis une quinzaine d'années à Paris l'Atlassi, l'équivalent marocain de la musique oranaise. «En 1987, j'ai enregistré ma première cassette. Ya rassoul el lah a bien marché et on a découvert qu'il pouvait exister une musique marocaine électrique, puisant dans le fonds traditionnel.» Comme ses frères d'armes Fayçal ou Mohamed Seif, Tyoussi, pour avoir tourné le dos aux textes engagés, n'était pas insensible au répertoire progressiste des Nass El Ghiwane, groupe marocain mythique. «Enfant, dans mon village du Moyen-Atlas, j'allais souvent récupérer des piles électriques à la décharge. Puis, je les chauffais toute la journée avec de la braise, afin de pouvoir écouter le soir le vieux poste radio. Lorsque j'entendais des chansons d'El-Ghiwane, Le M-chaheb ou Djil Djilala, j'entrais en transe.» Tyoussi Mad est le fils du premier chauffeur de taxi du village Moulay Bouazza, région du centre du Maroc réputée pour sa beauté et son gibier où beaucoup de Français étaient installés. Son père était reconnu pour sa virtuosité à l'outar (instrument à trois cordes), «mais je l'ignorais, car chez nous on ne joue pas devant la famille». Le géniteur était aussi un a