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ARTS. A Londres, deux expositions attestent une relecture et une requalification du patrimoine national. Anglées «britanniques». Live in your Head jusqu'au 2 avril à la Whitechapel Art Gallery, Whitechapel High Street, London E1; tél.: (0044) 020 7522 7878 Ruskin, Turner and the Preraphaelites jusqu'au 29 mai à la Britain Tate, Millbank, London SW1, tél.: (0044) 020 7887 8922.

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publié le 27 mars 2000 à 23h17

En 1967, alors qu'il était prof à la vénérable St Martins School of

Art, le dénommé John Latham déroba dans la bibliothèque de cette école un exemplaire d'Art and Culture, ouvrage du critique américain Clement Greenberg et bible de la modernité version US. Chez lui, John Latham organisa une soirée, durant laquelle lui-même et des étudiants mastiquèrent des pages, qu'ils crachèrent pour ensuite les traiter à l'acide sulfurique puis les distiller de façon à constituer véritablement l'essence du livre (!)" John Latham rendit le bouquin amputé, gardant le suc de la chose versé dans des tubes à essais. Il fut rapidement viré de l'école. Mais les traces de cet événement devenu performance artistique subsistent dans un coffret. C'est l'une des boîtes de Pandore les plus convaincantes de Live in your Head (Vivez dans votre tête), expo qui se tient actuellement sur deux étages de la Whitechapel Gallery de Londres.

Radical. Il s'agit en effet de remettre en tête un art de la pensée: celui qui agita l'Angleterre des années 70. Dématérialisé, il devient à la fois aussi évanescent qu'une ombre (projetée sur un mur par Keith Arnatt, 1969-72); aussi politique qu'une bannière pour le Chili d'Allende, ou qu'une série de tracts (For Oluwale, 1971-73, de Rashid Araeen); aussi taxinomique qu'un fichier du groupe Art and Language; aussi réflexif qu'un Appareil photo enregistrant son propre fonctionnement: 7 ouvertures, 10 vitesses, 2 miroirs (de John Hilliard, 1971); aussi utopique qu'un projet de