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Libération
Critique

Ode pour un cheval defunt.

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«Triptyk», le dernier spectacle de Zingaro, marque une nouvelle étape vers l'ascèse.
publié le 30 mars 2000 à 22h49
(mis à jour le 30 mars 2000 à 22h49)

Une légère odeur de gasoil flotte malgré l'encens et les fumigènes.

Le lieu du nouveau spectacle de Zingaro ­ une ancienne usine à gaz ­ n'est pas en cause: la veille de la première, le rouleau compresseur a par erreur aspergé la piste de pétrole, au lieu d'eau. Depuis deux semaines, Bartabas et sa troupe ­ quatorze cavaliers, neuf danseurs, un clarinettiste, vingt-trois chevaux et tous les techniciens ­ ont garé leurs roulottes sur ce vaste terrain au nord-ouest d'Amsterdam, entre canal et voie ferrée. Chaque soir, plus de mille trois cents spectateurs prennent place sur les gradins circulaires à l'intérieur d'une ancienne cuve géante. Pour accueillir Zingaro, le Holland Festival, qui se tient traditionnellement en juin, a quelque peu bousculé ses dates. Et c'est donc aux Pays-Bas que revient la primeur de Triptyk, qui doit ensuite mettre le cap sur Lausanne avant de s'installer tout juillet au festival d'Avignon, puis de retrouver Aubervilliers à l'automne.

Eclipse, le précédent spectacle, avait marqué une date. Tournant le dos à une surenchère exotico-spectaculaire, Bartabas signait sa création la plus personnelle et la plus épurée: une réflexion zen sur l'impossible rapport entre hommes et chevaux et une remise en cause de certains codes fondateurs de la troupe. En lieu et place du machisme façon cosaques dans la steppe, hommes et femmes changeaient de sexe, Bartabas lui-même donnait l'exemple en travesti.

Ce nouveau ton n'était pas qu'une parenthèse. Avec Triptyk, Bartabas