Lille, envoyée spéciale.
«Bientôt, on va devoir aller en Colombie et en Espagne pour trouver des salles et pouvoir jouer en concert», ironisent Osmoz et Manitou, rappeurs lillois accoudés au bar de l'Aéronef qui a bouclé samedi son festival international hip-hop. Colombiens, Cubains, Espagnols se relaient sur la scène et les rappeurs lillois boudent en fond de salle. «Ne vous méprenez pas, précise Osmoz. Je trouve ça très bien de voir ici des rappeurs colombiens mais à Lille, il y a des groupes qui sont aussi forts et on ne les programme pas. C'est absurde, je vais devoir aller à Paris pour essayer d'infiltrer le marché du disque parce que ma ville ne me laisse pas m'exprimer sur scène.» Toute la difficulté du rap tient là. Depuis quelques mois, des salles de spectacle (à Strasbourg, Dunkerque, Toulouse, Montpellier, Lyon") et des villes (Mulhouse et Dijon) ont décidé de faire l'impasse.
Table ronde. A Paris, l'Elysée-Montmartre, le Bataclan, La Cigale, seules salles dont la capacité permet d'accueillir le public des têtes d'affiche, ne programment plus de rap français depuis presque un an, malgré le succès et l'absence d'incident lors des concerts de NTM et d'Idéal J en juin dernier. N'empêche: «nous avons organisé les premiers concerts à Paris, rappelle Gérard Michel de Garance Productions, gérant d'une de ces salles, aujourd'hui nous sommes usés. J'ai 51 ans et je n'ai plus envie de subir ces tensions. Avant chacun de ces concerts, le personnel et le service de sécurité