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Libération
Interview

Pour la réalisatrice Helena Taberna, Yoyes est devenue une légende. «Une héroïne de tragédie grecque».

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publié le 7 avril 2000 à 0h14

Yoyes est le premier long-métrage de cette Basco-navarraise de 50

ans. Intéressée depuis longtemps par les thèmes sensibles, elle est notamment l'auteur d'un court métrage sur la guerre civile espagnole, Alsasua, 1936.

L'histoire de Yoyes est un sujet très sensible en Espagne. Pourquoi vous y êtes-vous intéressée?

J'ai toujours pensé que l'histoire de Maria Dolores Gonzalez Catarain, alias Yoyes, avait tous les ingrédients d'une extraordinaire adaptation cinématographique: son entrée à 17 ans au sein de l'ETA pendant le franquisme, sa montée en puissance au sein de l'organisation, son exil au Mexique où elle tente de mener une nouvelle vie, son retour sans peur au Pays basque sept ans plus tard, et l'assassinat final par Kubati, un de ses anciens comparses. Sa trajectoire est celle d'une héroïne de la tragédie grecque, mais aussi celle d'une femme contemporaine rebelle qui, dans un monde dominé par les hommes, a su assumer une situation de pouvoir, d'intrigues et d'action avec une rare intensité.

L'assassinat de Yoyes, en septembre 1986, reste un souvenir mal cicatrisé dans la psyché espagnole. Elle est devenue une légende seulement après sa mort. Moi, je me suis intéressée à elle en tant que femme vivante, réelle, avec ses défauts et ses angoisses. J'ai centré le film sur deux moments clés: son entrée dans l'ETA et sa sortie de l'organisation, et le pourquoi de ces deux décisions capitales de son existence. Pour le reste, je suis très consciente de sa grande force symbolique. L