Le cinéma espagnol n'a toujours pas exorcisé les démons de sa
mémoire collective récente. Qu'il s'agisse du franquisme ou de la guerre civile, on compte sur les doigts de la main les tentatives qui ne soient ni des courts métrages, ni des documentaires destinés à une audience restreinte.
On peut donc imaginer ce qu'il en est du traitement de traumatismes plus récents, tels que le putsch avorté du 23 février 1981 et, a fortiori, du terrorisme au pays basque commandité par l'ETA ou par les GAL, ces groupes armés de libération orchestrés par le pouvoir espagnol. Autant dire que lorsqu'un film décide de briser ce tabou-là, il mérite qu'on y prête attention. Prudence.C'est ce que vient de faire la réalisatrice basco-navarraise Helena Taberna, à l'occasion de son premier long métrage. Certes, son film, Yoyes, sorti en Espagne voici une semaine (en ce qui concerne la France, une sortie est prévue avant la fin de l'année), se montre d'une grande prudence on voit autant d'attentats des GAL que de l'ETA, par exemple. Certes aussi, il raconte d'abord comme l'intéressée ne cesse de le répéter la vie d'une femme. Celle de Dolores Catarain, première femme à entrer au sein du bureau politique de l'ETA et qui, après son départ de l'organisation et des années d'exil, sera abattue en septembre 1986 sur la place de sa bourgade natale, Ordizia, par Kubati dirigeant de l'ETA et ancien compagnon d'armes , sous les yeux de son fils. L'assassinat de Yoyes a provoqué un traumatisme national