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Libération
Critique

Lou aride.

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En prélude à la sortie d'un album incisif, Lou Reed en concert new- yorkais.
publié le 8 avril 2000 à 0h12

S'il a parcouru les pages du New York Times à l'aube de son grand retour à Manhattan (trois concerts, publication d'un nouvel album et d'un recueil de ses textes), Lou Reed aura sans doute été surpris de ne pas trouver la moindre ligne le concernant. Il aura peut-être également apprécié cette coïncidence: le supplément «Arts et spectacle» qui l'ignore pour l'instant (lui préférant «la nouvelle rigueur» de Tracy Chapman) s'ouvre sur un long dossier consacré aux vertus du vieillissement en matière de création. Respectable? On y lit qu'il y a généralement trois périodes dans la vie d'un artiste. Qu'à l'exemple de Beethoven, mort à 56 ans et modèle de Selby en vieillard extatique, celui-ci est «brusque, dynamique voire agressif à l'âge mûr» et se tourne ensuite vers l'introspection et le «mystère profond». On nous suggère aussi que vieillir est «particulièrement délicat pour les chanteurs et les danseurs». Lou Reed a 58 ans. Avant l'inévitable Sweet Jane, il termine le concert des retrouvailles par une des chansons qu'il a composées pour le spectacle Poe-Try de Bob Wilson consacré à Egar Allan Poe. Elle dit: «Parfois je me demande qui je suis/un jeune homme qui devient vieux/et se demande ce que c'est de mourir». En tee-shirt noir sur un corps sec et musclé, flanqué de son trio de jeunes flèches de l'avant-garde sonique, il semble moins âgé que flottant entre deux âges. Est-ce pour cette raison que les New-Yorkais, absorbés par les vertiges de la «révolution digitale», ne prêten