Depuis six ans, l'auteur de cet article se rend tous les dimanches
au marché bio d'Ivar Street, où l'on est plus susceptible de tomber sur Wim Wenders ou Todd «Variety» McCarthy que sur des salsifis. Depuis autant de temps, il se gare sur le parking d'une gargote à barbecue sise deux rues plus loin, au 1622 Cahuenga Blvd. Depuis six mois, il sait qu'il utilise le parking sur lequel Buster Keaton garait sa vache Brown Eyes dans la dernière bobine de Go West. Et que le marchand de journaux chez qui il trouve Libération ou Pantygirl était un bureau de poste et télégraphe à l'époque où, dans Cops, le même Buster fuyait les agents de police dans la ruelle attenante.
Car, depuis six mois, il est l'heureux et ému possesseur de Silent Echoes, livre broché grand format publié chez Santa Monica Press (1) qui vous enjoint, dans son sous-titre, de «découvrir le Hollywood d'hier à travers les films de Buster Keaton». Ce qui n'est pas rien, surtout quand vous êtes capable de reconnaître l'épicerie-bureau de poste dans laquelle Keaton achète son seau de molasses dans le Butcher Boy de Roscoe Arbuckle (1917), un édifice encore debout sur Glendale Blvd. Mais l'auteur de Silent Echoes enfonce tout ça. Kevin Brownlow, expert et spécialiste bien plus auguste, en a levé les bras au ciel: «Je le soupçonne, écrit-il dans la préface, d'avoir inventé une nouvelle forme d'art» celui de la détection filmique.
John Bengtson, puisque c'est le nom de l'olibrius, s'est donné pour tâche de retrouver non seu